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Duke Ellington

    Edward Kennedy (dit Duke) Ellington est né le 29 avril 1899 à Washington D.C.. Ses parents appartenaient à la petite bourgeoisie, et s'attachèrent à donner à leur enfant une excellente éducation.

    De 1914 à 1917, il s'inscrit à la Armstrong High School, l'une des meilleurs écoles pour les noirs de la capitale.
    A cette époque, il est nettement doué pour la peinture et le dessin. Il fut lauréat d'un concours du "National Association for the Advancement of Colored People" dont le prix consistait en une bourse pour entrer aux Beaux Arts.
    Ses compagnons le surnommaient déjà "Duke" en raison de son dandysme inné.
    Il aurait pu avec succès devenir graphiste mais c'eût été compter sans le démon Euterpe.

    En 1918 il épouse Edna Thompson et un an plus tard, leur fils Mercer naissait, qui devait également se consacrer au jazz. Il fera aussi partie de l'orchestre de son père à partir des années 60.
    Plus tard, Ellington forma son premier orchestre appelé les Washingtonians, avec le saxophoniste Otto Hardwick (surnommé Tobi), le trompettiste Arthur Whetsol, le banjoïste Elmer Snowden et le percussionniste Sonny Greer.
    Ses influences étaient James P. Johnson et Willie "The Lion" Smith.

    En février 1924, Ellington et son orchestre sont engagés pour plusieurs années au Hollywood Club, un cabaret de Broadway, rebaptisé par la suite Kentucky Club et dont la fermeture se situe vers 7-8 heures du matin. Les autres musiciens venaient après leur travail de telle sorte que l'on pouvait voir des fois 40 ou 50 musiciens de renom : Bix Beiderbecke, Tommy Dorsey, Miff Mole, Paul Whiterman...
    Les musiciens de l'orchestre de Duke à cette époque étaient : Toby (ténor, baryton), Artie Wetool (trompette) remplacé par Bubber Miley, Charles Ivis (trombone), Sidney Bechet (clarinette) pour une courte période, Joe "Tricky Sam" Naton (trompette), entre autres...
    On peut citer également quelques compositions de l'époque : "East Saint Louis Toddle-Oo", "Black and Tan Fantasy", et "Creole Love Coll", qui sont d'ailleurs plutôt des ouvres de Bubber Miley que de Duke Ellington.

    En 1927, l'orchestre s'agrandit avec l'arrivée de Louis Metcalf (trompette), Rudy Jackson (clarinette et saxo), Bass Edouard (tuba), remplacé par Wellman Braud.
    Les prestations de l'orchestre au Kentucky Club allaient attirer l'attention du célèbre manager Irving Mills, qui n'allait pas tarder à travailler avec Ellington. C'est lui qui permit au groupe d'entrer dans les studios des plus importantes compagnies américaines telles que Columbia et sa filiale Vocalion, Brunswick, Victor et Okeh ; c'est lui encore qui obtient l'engagement au Cotton Club.
    Le 4 décembre 1927, en effet, la formation d'Ellington joue pour la première fois dans le célèbre club de Harlem... Une histoire d'amour qui allait durer 5 années et qui devait aboutir à la consécration d'Ellington et du Cotton Club Orchestra. Le groupe jouait non seulement lors des bals, mais il organisait aussi les spectacles accompagnés de danses et de chants. Tout était savamment étudié pour divertir le public blanc, le seul autorisé à se rendre au Cotton Club. Le décor exotique représente la jungle africaine et ses scènes lascives, voire érotiques. Un noir aux muscles extraordinaires à la peau assez claire, surgit d'une forêt, et arrive sur la scène. Il porte un casque d'aviateur, des longues vues et un short. Manifestement, il a dû atterrir en plein cour de l'Afrique. Au centre de la scène une déesse blanche, aux tresses longues et dorées, est entourée par un cercle d'adorateurs noirs. Empoignant un fouet, l'aviateur se dirige vers la jeune beauté blonde et tous les deux dansent de façon érotique. Au fond, Buddy Miley, "Tricky Sam" Nanton et d'autres musiciens de l'orchestre d'Ellington, grognaient, halletaient et rugissaient sur leur instrument.

    Les spectacles du Cotton Club permirent à Duke Ellington de devenir un très grand musicien, dans la mesure où il se vit obligé de composer et d'arranger des musiques qui devaient être aussi variées que possible. Les effets de sourdine de Milley et de Nanton, les fameux "wa wa", convenaient parfaitement à la nature des spectacles, et la veine fut exploitée de façon presque systématique : ainsi fut créé le style "jungle", qui devait caractériser la musique d'Ellington de la première période.
    Des émissions de radio en direct furent diffusées peu après l'engagement au Cotton Club.

    Duke engagea d'autres musiciens comme Harry Carnney (clarinettiste et saxo), et il deviendra saxophoniste baryton.
    En 1928, Barney Bigard (clarinettiste), Johnny Hodges (saxo alto et bon soprano), Cootie Williams (trompettiste), Rex Steward (cornettiste), Juan Tizol (trombone), Billy Taylor et Hayes Alwis (contrebassistes) rejoignent également l'orchestre, ainsi que Jimmy Blanton.

    En 1934, Duke entreprend une tournée en Europe.

    Détailler la production discographique d'Ellington est une tâche qui exigerait bien des pages. D'autant que nombre de ses compositions furent retravaillées maintes fois. Il en est ainsi de ses premiers chefs-d'ouvre qui datent des années 1926-1928 : "East-Saint Louis", "Toodle-oo", "Black and Tan Fantasy", "Creole Love Call", "Blue Bubbles", "The Blues I love To Sing", "Black Beauty", sans oublier "Doin' the Voon" et "goin' the to Town".

    C'est au Cotton Club que Duke Ellington commence à employer d'autres registres de sa palette sonore : "Misty Mornin' ", "Awful Sad" et surtout "Moon Indigo", morceau typiquement "jungle", ainsi que "Sophisticated Lady", "Solitude", "In a Sentimental Mood", et "Prelude to a Kiss".
    Le premier grand succès de l'orchestre fut "The Mooche" . Le morceau "Ring Dem Bells" montre quant à lui les qualités vocales de Cootie Williams.

    De 1931 à 1938, on peut également citer "Limehouse blues", "It's Glory", "The Mistery Song", "Echoes of the Jungle", "It's Don't Mean a Thing (if it ain't that's swing)", "Mary Go Home", "Drop Me Off In Harlem", "Harlem Speaks", "Truckin' ", "Diminuendo And Crescendo In Blue", "I Let Song Go Out Of My Heart", "Battle of the Swing", "Echoes of Harlem", "Boy Meets Horn", "Tiger Rag", "Creole Rhaspody", "Reminiscing In Tempo", "Stormy Weather", avec la superbe voix d'Ivie Anderson, qui fut la principale chanteuse de l'orchestre jusqu'en 1942.
    Mais avec l'arrivée de Bylly Strayhorn, compositeur et arrangeur, et le contrebassiste Blanton, Duke Ellington allait pouvoir rivaliser avec les formations de Basie, Lunceford ou Dorsey.
    Même si Duke, dès les années 30, avait construit un univers musical qui n'avait pas son équivallent dans le jazz sur le plan rythmique, Count Basie et Jimmie Lanceford, lui étaient probablement supérieurs.

    Citons encore quelques ouvres de Duke Ellington : "Cotton Tail, "Just a Settin' and a Rockin' ", "Ballades Chelsea Bridge", Sepia Panorama", "Ko-ko", "Concerto For Cootie", "Bojangles" (dédié au célèbre danseur de claquettes Bill Robinson), et "Portrait of Bert Williams" (hommage au grand acteur noir), "In a Mellotone", "Dusk", "Warm Valley", "All Too Son", "Harlem Air Shaft", "Accross the Track Blues", "Day Dream", "Jumpin' Punkins", "John Hardy's Wife", "Blue Serge", "Things Ain't What They Used To Be", "I Got It Bad", "Jump For Joy", "the "C" jam blues", "black , brown and beige".
"Black, Brown and Beige" est une œuvre qui raconte l'histoire d'un noir des Etat-Unis.
    La première partie, "black", est constituée de 2 thèmes :
- "work song", qui fait référence à l'esclavage, et
- "come Sunday", qui montre l'adhésion des noirs à l'église.
    La 2ème partie, "brown", est composée de 3 thèmes :
- "West Indian Dance", qui fait référence à tout ce que le peuple noir a apporté à la culture américaine, et
- "Emancipation celebration", qui décrit, malgré la guerre civile, l'allégresse des noirs après l'abolition de l'esclavage.
- Le 3ème thème, "Blue", symbolise toute la déception ressentie par le peuple noir.
    La 3ème partie, "beige", commence avec "Sugar Hill Penthouse", qui décrit Harlem et la vie des noirs dans les ghettos des grandes villes.
    Duke Ellington écrira d'autres suites et concerto de très grande valeur.

    En 1940, époque pourtant extraordinaire du point de vue artistique, l'orchestre de Duke Ellington connut de nombreux bouleversements, avec le départ de bon nombre de musiciens. Mais il réussira toujours à remonter la pente avec d'autres musiciens ; ainsi on peut également citer des musiciens qui ont fait la gloire de cet orchestre : Cootie Williams, Ray Nance, Jimmy Blanton, Junior Raglin, Barney Bigard, Ben Webster, Rex Steward, Toby Hardwick, Joe "Tricky Sam" Nanton, Harold Shorty Baker, Jimy Hamilton, Cate Anderson, Russell Procope, Al Sears, Oscar Pettiford, Sonny Greer, Tyrse Glenn, Johnny Hodges, Lawrence Brown, Juan Tizon, Harry James, Louie Bellson, Willie Smith, Hilton Jefferson, Jimmy Woode, Sam Woodyard, Paul Gonsalves, Clarck Terry, Quentin Jackson, Britt Woodman, John Sanders, Gillespie, Rushing, Harold Ashby, Will Bill Davies, Joe Benjamin.

    En 1957, l'orchestre de Duke Ellington enregistrera avec Ella Fitzgerald, Count Basie, Louis Armstrong, Coleman Hawkins, Charlie Mingus, Max Roach, Coletran.

    En 1974, il est hospitalisé, et succombe le 24 mai dans un hôpital de New York, à l'âge de 75 ans.

    Il laissera derrière lui une oeuvre gigantesque, qui n'a d'ailleurs pas été enregistrée dans son intégralité.
    À son fils Mercer, revient la lourde tâche de reprendre en mains la direction de l'orchestre.

    La musique de Duke Ellington apparaît comme une synthèse éblouissante de l'esprit traditionnel du blues et des inventions orchestrales les plus sophistiquées. Mais c'est aussi une musique accessible à tout public qui ne tombe jamais dans les effets de style.

    Pianiste, compositeur et arrangeur de génie, tel fut celui dont la force aura été de ne jamais céder aux modes, ni de faire table rase de son héritage afro-américain. Comme devait l'écrire Miles davis dans les colones de "Down Blat" : « tous les musiciens devraient un jour se réunir pour le remercier à genoux » . Laissons toutefois le mot de la fin à Louie Bellson, célèbre batteur et chef d'orchestre qui travailla avec Duke :
« Vous, le maestro, vous m'avez donné une bonne éducation sur le plan musical et vous m'avez aidé à devenir un bon être humain. Votre amitié estimable sera à jamais avec moi. Vous, le citoyen modèle du monde, votre musique est paix, amour et bonheur ».

 
 

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