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Ella Fitzgerald

    Ella Fitzgerald est née en 1918 à Newport News, Virginie. Elle passera ses premières années à New Jersey à l'ombre des buildings de New York avec sa mère blanchisseuse et un beau-père portugais dont on ne sait pas grand chose.
    Ella est une enfant timide, qui vit son adolescence à rêver de gloire, comme tous les teenagers qui approchent le monde du spectacle et plus particulièrement la danse. Mais faute de moyens, la danse n'est pas pour elle. Elle reporte alors toute sa sensibilité sur le chant, en écoutant avec admiration les plus grandes voix du moment que diffuse la radio. Ses préférées : Mills Brothers, Mamie Smith, et surtout Connie Boswell. C'est Connie qui a énormément influencé Ella.

    Ella perd sa mère à 15 ans et est confiée à un orphelinat de New York. Elle n'a pour autant pas abandonné sa décision de devenir chanteuse. Grâce aux chants appris à l'orphelinat et qui lui ont donné une voix légère, très nette dans les aigus, profonde et bien modulée dans les registres moyens et graves, une voix qui allie une douceur enfantine à une souplesse rare, elle tente sa chance chez les amateurs Night Shows. Lors d'un concours de jeunes chanteurs et chanteuses organisé par l'Apollo Theatre de Harlem, elle est remarquée par Benny Carter qui la recommande à Fletcher Henderson et à Chick Webb.

    Nous sommes au début des années trente et Ella commence à travailler avec le grand orchestre de Chick Webb.

    Avec l'accession au pouvoir du président Franklin Delano Roosevelt qui instaure le New Deal, et avec l'amendement 21 qui mettra fin à la prohibition, le chômage va diminuer, entraînant ainsi des répercussions considérables sur le monde du spectacle. En même temps que l'alcool, le jazz va sortir de sa clandestinité pour la simple raison que les cabarets où l'on pouvait écouter le jazz étaient ceux où l'on pouvait boire de l'alcool. L'avenir appartient aux grands orchestres, aux arrangements simples et à la batterie ; c'est l'époque du Swing Craze ("La folie du Swing"). La musique pour danses envahit les radios et les dancings : le jazz est devenu la musique populaire par excellence. Le jazz est partout : dans les hôtels, les restaurants, les trains et bien sûrs dans les bals. La joie de voir la fin de la dépression trouve son expression la plus pure dans le swing, si bien que le jazz, devenu désormais une passion pour tous les Américains, se transforme vite en un show-business très rentable.
    Des producteurs rusés perçoivent les possibilités d'accroître l'intérêt des grands orchestres en y introduisant comme élément central une figure féminine, la chanteuse en robe du soir, avec, derrière elle, les musiciens en uniforme. Ces chanteuses, exclusivement décoratives, on les appelle "The Canaries". Les directeurs d'orchestres n'attendent pas grand chose d'elles, si ce n'est d'intervenir entre les solos et de chanter quelques mesures du thème. Mais si le canari a un visage séduisant, une voix qui passe bien, c'est la signature de contrats assurés, ce qui veut dire l'accroissement de la popularité du big band.
    Ella débutera comme canari dans l'orchestre de Chick Webb, pour devenir très vite la première étoile de l'orchestre du Savoy Ballroom.

    Avec "Sing Me A Swing Song" (chante-moi une chanson swing), Ella a trouvé le tempo exact, la nuance juste d'interprétation et la variation mélodique parfaite. Elle était une instrumentiste de plus, qui jouait de sa voix dans l'orchestre de Chick Webb, où elle était la meilleure dans un groupe de grands musiciens. Elle accède à la célébrité. Chick Webb est alors son guide. Il assume la tutelle de l'orpheline, et devient son conseiller musical. Il lui apprend à entrer en scène et à bien se tenir et se déplacer ; il lui fait découvrir toutes les ressources du rythme, les premiers éléments du "scat" (chant d'onomatopées à la place des mots). "A- tisket, A-tasket" est incontestablement le grand succès d'Ella Fitzgerald dans les années trente. Mais citons également : "I Found My Fellow Basket", "Flat Floot Floogie" et "My Last Affair", qui atteignent des chiffres de vente rares pour une artiste noire.
    Le grand orchestre de Chick Webb, avec à sa tête Ella Fitzgerald, va parcourir les Etat-Unis, suscitant sur son chemin le même enthousiasme des foules que lors des passages de Benny Goodman ou de Count Basie. La section rythmique, composée de John Truchart ou de Boddy Johnson à la guitare, de Tommy Fullford au piano et de John Kirby ou de Beverley Peer à la contrebasse, accompagnent énergiquement la section mélodique où, notamment, le trompettiste Taft Jordan et le saxophoniste Edgar Sampson font les effets de Growl (sonorité rock) tout à fait réussis. Ella chante avec simplicité, avec une voix souple presque enfantine mais qui, au fil des concerts, va en s'épanouissant.

    En 1939, en pleine gloire, Ella va perdre Chick Webb et son père adoptif. Pour sortir de sa dépression, elle épouse Bennie Carnegie mais pas pour longtemps. A 21 ans, elle prend en main la destinée de l'orchestre de Webb. Pendant deux ans elle maintiendra la ligne fixée par Webb, gravant un grand nombre de titres. On peut citer : "Baby won't you please come home" et "Cabin in The Sky". A la veille de la seconde guerre mondiale, elle dissoudra le big band. Elle se produira ensuite avec de célèbres groupes vocaux au répertoire très commercial (citons les "Inkspots", les "Mills Brothers", les "Delta Rythm Boys"), ainsi qu'avec des musiciens de premier plan comme Louis Armstrong.

    Dans la seconde moitié des années quarante, elle apporte son concours au mouvement Bop. Elle entrera dans l'orchestre de Dizzy Gillespie. Il est clair qu'elle se sent tout à fait à l'aise dans le Bop, qui ouvre à la chanteuse de vastes horizons, notamment le Bop Scat. Ella, qui chante dans beaucoup de jam sessions et qui rencontre ainsi nombre de boppers, développe pleinement la veine instrumentale de la voix et s'inspire souvent des nouvelles lignes fixées par les membres du mouvement bop. Citons pour cette période, l'excellent "Lady", où elle cite et paraphrase de façon très ingénieuse Dizzy Gillespie.

    En 1948, elle épouse Ray Brown, le contrebassiste bop par excellence. Cette union ne durera pas non plus. Toutefois, elle sera fructueuse sur le plan musical. Ray Brown, à la tête d'un trio formé par Hank Jones au piano et Roy Haynes à la batterie, organise l'accompagnement rythmique idéal pour mettre en valeur toutes les facultés vocales d'Ella.
    A cette époque, Ella s'adonne pleinement à la musique pour son plaisir. Son scat s'épanouit, devenant l'un des plus intelligents de l'histoire du jazz. Cette façon de chanter trouve en outre un terrain propice dans les fameux concerts JATP de Norman Granz et auxquels accourent, dans une atmosphère de liberté et de compétition spectaculaire, des instrumentistes de toutes tendances, d'Illinois Jacquet à Charlie Parker.
    Son sens de l'anticipation, sa grâce et sa souplesse, sa connaissance de l'harmonie et de tous les langages jazzistiques, brillent d'une lumière propre dans ses concerts. Les versions "Flying Home" et "How Hight The Moon" restent les plus représentatives de l'époque.

    Elle devient une experte dans l'art du scat et connaît en outre à la perfection les préférences mélodiques et les astuces de Louis Armstrong. De 1946 à 1951, elle enregistre avec lui une œuvre abondante, émaillée de petites merveilles, dans lesquelles la simplicité, l'humour et le contraste entre les deux voix, feront les délices de tous les amateurs de jazz.
    Dans les différents titres de Louis et d'Ella, on retrouve autant l'utilisation instrumentale de la voix, que le jeu malicieux avec le sens des mots et de leur musicalité. Se glissent parmi les arrangements les meilleurs spécialistes, comme Sy Oliver. Ella et Louis créent un langage intime et sensible, par pur jeu, comme des gosses qui, de surcroît, posséderaient les connaissances et le génie des grands artistes.

    En 1956 et 1957, Norman Granz les réunit à nouveau sous la marque Verve qu'elle a choisie à la place de Decca. On peut citer : "Porgy and Bess" et "Summertime". Avec Granz, les Songbooks produits se sont révélés d'énormes succès populaires mais laissèrent froids de nombreux amateurs de jazz.

    En 1963, Ella enregistre avec Count Basie des titres typiques de l'ère swing et dont les arrangements sont signés Quincy Jones. Notons son grand album de blues "These are The Blues" où elle est accompagnée par le trompettiste Roy Eldrydge. Notons également "See See Rider" qui mérite de passer à la postérité.

    En 1964, Ella travaillera avec le pianiste Tommy Flanagan, avec lequel elle se sentira très proche. Les nombreux concerts et enregistrements nous présentent une star touchant à tout avec une époustouflante habilité.

    En 1965, elle tombe dans une dépression nerveuse grave. Rétablie, elle reprend son activité.
    Duke Ellington met à sa disposition son orchestre pour réaliser un disque mémorable que le grand maître de jazz présidera, "Passion Flower", album dans lequel la chanteuse réussit à se couler dans l'atmosphère ellingtonnienne expressive et colorée.
    Mais souffrant d'importants troubles de la vue, elle se voit contrainte de subir plusieurs interventions chirurgicales.

    Elle retravaillera avec Tommy Flanagan, puis avec le guitariste Joe Pass et, en 1975, avec Oscar Peterson et son ex mari Ray Brown. Il s'agit là des dernières lueurs de génie de la grande diva avant l'inévitable déclin.

    Ella Fitzgerald laissera l'image d'une chanteuse complète, ayant choisi un style fondé avant tout sur la pureté d'expression, l'impeccable justesse du rythme et la souplesse, qui s'obtiennent seulement à force de travail et de patience. Son art aura presque toujours progressé, aura mûri au contact d'excellents musiciens qui auront eu la chance de travailler avec elle.

    Très grande chanteuse de jazz, Ella l'est, incontestablement.

    Elle décédera en 1997.

 
 

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